Qu'est-ce que la théologie ?
Qu'est-ce que la théologie ? A-t-on besoin d'un discours intellectualisant la foi ? La théologie, science chrétienne de l'intelligence de la foi, constitue une tradition vivante de réflexion. Elle s'épanouit au sein d'un dialogue dynamique qui englobe un large éventail de domaines tels que la philosophie, l'éthique, l'histoire, le droit, mais également la sociologie, la psychologie, et bien d'autres encore. Foyer de la formation cistercienne depuis le XIIIe siècle, le Collège des Bernardins s'inscrit dans cette longue tradition d'étude de la théologie, dans un esprit d'échanges de savoir.
Le père Eric Morin est directeur de l'Ecole Cathédrale (institut de formation du diocèse de Paris), enseignant à la Faculté Notre-Dame et docteur en théologie biblique.
Le père Morin mots nous éclaire sur ce qu'est la théologie et la nécessité de penser ensemble intelligence et foi.
Vous avez dit théologie ? Ce mot renvoit souvent la religion à un aspect intellectuel et élitiste. Il n’a pas toujours bonne presse, même dans les milieux pratiquants…
Étymologiquement, « théologie »(θεολογία/theologia) signifie littéralement « discours rationnel sur la divinité ou le divin (le θεός/ theós). Or, par définition, Dieu excède l’intelligence humaine. Mais pourquoi donc les théologiens veulent-ils mettre sur la foi une réflexion avec des mots compliqués ?
En fait, quelle que soit l’expérience humaine, il y a plusieurs manières de recourir au langage. Wittgenstein, un philosophe autrichien du début du XX° parlait des jeux de langage. Il en va de même dans la vie de foi, quelles que soient les religions : le croyant recourt au langage pour prier, pour témoigner, pour réfléchir, pour enseigner et transmettre etc. Ainsi selon les situations, il emploie un langage poétique ou didactique, il peut être descriptif ou exhortant. Il peut avoir recours au langage scientifique pour réfléchir sur sa foi et son espérance: c’est précisément cela que l’on appelle la théologie.
La théologie offre un discours vérifiable sur Dieu (...) Elle prend le temps de lire et d’étudier, de contextualiser et d’interpréter les grands textes qui fondent la démarche des croyants aujourd’hui.
Encore faut-il s’entendre sur le sens du mot scientifique. La démarche scientifique ne consiste pas à réduire le raisonnement à une équation mathématique ! Dans ce cas, l’histoire ne pourrait être appelée une science ! La question est largement débattue mais on peut retenir deux idées intrinsèques à toutes démarches scientifiques : la vérification et le travail en communauté.
Le théologien ne cherche pas à enfermer Dieu dans une définition : il rend intelligible la démarche du croyant.
La théologie offre un discours vérifiable sur Dieu. L’affirmation « j’aime Dieu » n’est pas vérifiable : on peut juste reconnaître ou non la crédibilité de celui qui la prononce. La théologie prend le temps de lire et d’étudier, de contextualiser et d’interpréter les grands textes qui fondent la démarche des croyants aujourd’hui. Avant de spéculer sur Dieu, elle écoute de la manière la plus fine possible le témoignage des croyants. Cette démarche d’interprétation, d’herméneutique, est le cœur du travail des théologiens.
Ici le pluriel est essentiel. On rejoint ainsi la deuxième dimension de la démarche scientifique : c’est un travail communautaire. . Les théologiens travaillent ensemble dans les instituts de formation ou dans d’autres associations pour que cette étude soit essentiellement un dialogue, non pas seulement entre eux mais avec les croyants et le monde d’aujourd’hui. Le Collège des Bernardins mais aussi les différents Instituts Catholiques à Paris, Lille, Angers, Toulouse, Lyon etc. proposent de tels lieux de réflexion, d’approfondissement et de dialogue.
La théologie n’a pas prétention à épuiser le mystère, mais à satisfaire l’intelligence en la plongeant dans le mystère.
Il y a plusieurs branches de la théologie catholique qui se définissent par les thèmes : la christologie, l’ecclésiologie (l’Église) mais aussi par des
sources : la patrologie (les Pères de l’Église), l’exégèse (La Bible).
Le théologien ne cherche pas à enfermer Dieu dans une définition : il rend intelligible la démarche du croyant. Il fait un travail de retour sur soi, de réflexion, pour que son acte de foi et d’espérance soit accompagné non seulement de tout son cœur mais aussi de toute son intelligence. Sans la mise à disposition de l’intelligence dans la démarche du croyant, cette dernière ne pourrait pas engager toute sa personne ! La théologie n’a pas prétention à épuiser le mystère, mais à satisfaire l’intelligence en la plongeant dans le mystère.
Vous voulez suivre un cours de théologie ? Découvrez notre offre de formations, au Collège ou à distance, adaptées aux niveaux et disponibilités de chacun.
Pour aller plus loin : "Pourquoi se former à l'intelligence de la foi", par le Père Eric Morin.
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