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Société

Moines ou makers, comment faire communauté ?

Publié le
16/3/21

Etonnamment, moines et « makers » se rejoignent sur plus d’un point puisque leurs communautés respectives ambitionnent de former et de considérer des « individus totaux » pris dans la totalité de leur être (passions, caractère, rêves, talents…).

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Derrière ce Mardi des Bernardins, une intuition inédite : faire dialoguer l’univers des « makers », des espaces collaboratifs et du management, avec les communautés religieuses (monachiques ou non). Le thème ? L’art et la manière de créer un lien fluide et dynamique, pérenne et structurant.

Pour faire du lien, il ne suffit pas de partager un espace, ni de s’y croiser. « C’est confondre le flux et la rencontre ! » regrette François-Xavier de Vaujany, chercheur à Dauphine.

Poursuivez la réflexion avec la retransmission du débat :

C’est quoi être « ensemble » ?

« Etre ensemble, c’est être capable d’exprimer nos différences et désaccord tout en restant ensemble » souligne le rabbin Floriane Chinsky. Dialectique ardue à maintenir ! C’est que, toute communauté se confronte à la double menace que pointe P. Laurent Stalla-Bourdillon, théologien et enseignant au Collège des Bernardins : « le risque de la dissolution de la frontière qui structure la communauté ; ou a contrario la rigidification des frontières qui rend impossible les apports de l’extérieur. » Vibrant d’actualité !

La densité du silence frappe les deux univers.

François-Xavier de Vaujany souligne en effet que, dans monde « makers », il a noté « l’importance du silence et tout ce qu’il enveloppe en termes de rencontres notamment dans un contexte de “faire”. »

Un tel constat entre en résonnance avec l’analyse de Nathalie de Kaniv, spécialiste de la règle de Saint Benoît, qui souligne l’équilibre des moines soucieux d’être dans une triple rencontre : avec soi, avec Dieu et avec l’autre.

Ce qui fait communauté ?

C’est d’abord son but : « c’est la finalité qui détermine ce qui s’agrège formant une communauté en vue de l’obtention de cette fin » ; mais peut-être que cette finalité peut, elle aussi, se retourner en moyen … pour créer du lien !

L’un des outils d’animation consiste à créer des « objets-communs-prétextes » : un projet collectif dont la finalité n’est autre que la création et le maintien du collectif. Le mot d’ordre des « makers » est bien : « Faire-ensemble pour faire communauté. » C’est tout le sens que Floriane Chinsky donne d’ailleurs à l’injonction divine : « Ils me feront un temple et je résiderai au milieu d’eux » : « le temple portatif, est un projet prétexte pour que la communauté juive s’installe à travers cet acte de construction. »

Pari réussi pour les mardis des Bernardins où Didier Pourquery, président de The Conversation France, parvient à faire résonner harmonieusement ces multiples voix : un bel exemple de communauté éphémère où chacun s’écoute et se répond avec un immense respect teinté d’une admiration mutuelle ! Oserions-nous dire que les voûtes du Collège ont, plus que jamais, révélées leur vocation d’« écotone», « ce lieu où se rencontrent deux écosystèmes qui ne font pourtant pas fusion » (Nathalie de Kaniv) : une passerelle entre le monde religieux et le monde laïc, entre l’Église et la société ?

Avec

Floriane Chinsky, rabbin (Judaïsme en mouvement), docteure en sociologie du droit

Constance Garnier, docteure en sciences de gestion de l'Institut Polytechnique de Paris

Nathalie de Kaniv, historienne

P. Laurent Stalla-Bourdillon, théologien

François-Xavier de Vaujany, professeur de gestion à Paris-Dauphine

Animé par Didier Pourquery, Président de The Conversation France

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