Pascal, infatigable chercheur de vérité

Publié le
20/7/23

Le 19 juin 2023, le pape François publiait Sublimitas et miseria, lettre apostolique commémorant le quatrième centenaire de la naissance de celui qui toute sa vie durant n'eût de cesse de chercher Dieu. A travers cette méditation pascalienne, François fixe le cahier des charges de tout chercheur, et, indirectement, confirme la vocation du Collège des Bernardins. Décryptage avec le Père David Rabourdin, spécialiste de Pascal.

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Une quête sans fin de la vérité

A travers les lignes que le pape François nous offre pour saluer le 400ème anniversaire de la naissance de Blaise Pascal (1623-2023), c’est le portrait d’un « infatigable chercheur de vérité » qui se dessine, et d’un « compagnon de route » qui demeure incontournable :  

« Je propose à tous ceux qui veulent continuer de rechercher la vérité – tâche qui en cette vie n’a pas de fin –, de se mettre à l’écoute de Blaise Pascal ». Pape François

Pascal est incontournable parce qu’il a su rester « toujours inquiet, attiré par de nouveaux et futurs horizons », et parce qu’il a su « cultiver une ouverture étonnée à la réalité ». Le pape rend ici hommage à une figure des plus inspirante tant il est vrai que, par la qualité et la rigueur de son œuvre philosophique et scientifique et l’intensité de son témoignage, Pascal a cultivé l’esprit d’ouverture – « aux autres dimensions du savoir et de l’existence, aux autres, à la société ».

Pascal est incontournable parce qu’il a su rester « toujours inquiet, attiré par de nouveaux et futurs horizons », et parce qu’il a su « cultiver une ouverture étonnée à la réalité ».

Quatre cent ans après Pascal, comment cultiver ce même esprit de recherche ?

La réponse que nous donne François en sa magnifique lettre apostolique Sublimitas et miseria hominis résonne avec le grand discours que Benoît XVI adressait le 12 septembre 2008 au monde de la culture, réuni au Collège des Bernardins le jour de son inauguration.

Ce qui fait la grandeur de l’homme, c’est de ne jamais « renoncer à ses possibilités les plus élevées », disait Benoît XVI, suggérant que l’homme se caractérise par cette aspiration infinie : « quaerere Deum, chercher Dieu ». À travers cette quête insatiable, la meilleure part de de l’humanité peut resplendir, tant cette recherche implique des lieux et des habitudes de dialogue, où l’écoute humble de chacun s’accorde à un objectif simple mais capital : « des choses secondaires, passer aux choses essentielles, à ce qui, seul, est vraiment important et sûr ».

La réponse que nous donne François résonne avec le grand discours que Benoît XVI adressait le 12 septembre 2008 au monde de la culture, réuni au Collège des Bernardins. 

Une recherche incarnée

« Qui veut faire l’ange, fait la bête », disait Blaise Pascal. Le pape en tire une conséquence dont la saveur est proverbiale : « rien n’est plus dangereux qu’une pensée désincarnée ». Autrement dit, ce serait une grave erreur de penser que la recherche de ce qu’il y a de plus haut s’accompagne d’une évasion hors de la réalité ou de la condition humaine.

La réalité supérieure à l'idée

L’approfondissement de la pensée sera toujours une plongée au cœur de la réalité. C’est ce qui la rend profondément humaine, et il est beau de remarquer que le pape François retrouve chez Pascal une confirmation de l’axiome qu’il a placé au commencement de son pontificat : « en méditant les Pensées de Pascal, on retrouve, en quelque manière, ce principe fondamental : la réalité est supérieure à l’idée », car Pascal « nous apprend à nous tenir éloigné des « diverses manières d’occulter la réalité », depuis les « purismes angéliques » jusqu’aux « intellectualismes sans sagesse » ».

Pascal « nous apprend à nous tenir éloigné des diverses manières d’occulter la réalité, depuis les ‘purismes angéliques’ jusqu’aux ‘intellectualismes sans sagesse’ ».

Une ouverture joyeuse au monde

Ni Pascal, ni François, ni son prédécesseur Benoît, n’encourageront donc quiconque à s’envoler dans des « bulles de croyances où l’idée s’est substituée au réel ». Au contraire, François, à travers sa méditation pascalienne, fixe le cahier des charges de tout chercheur, et, indirectement, confirme la vocation du Collège des Bernardins : « cultiver une ouverture étonnée à la réalité », « déchiffrer le monde qui nous entoure », chercher passionnément la vérité et toujours relancer la recherche – tel est le secret du « vrai bonheur » et de la joie.

Texte complet de la lettre apostolique Sublimitas et miseria hominis du Pape François

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