Galilée face à l'Eglise : mais que s'est-il vraiment passé ?

Publié le
4/7/24
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Saviez-vous que la célèbre phrase "E pur si muove" attribuée à Galilée est en réalité une légende apocryphe ? Cette anecdote, souvent illustrée dans des tableaux représentant le savant italien en prison, aurait été inventée plus d'un siècle après son procès. Alors, quelle est l'histoire de Galilée et de son conflit avec l'Église ? Revenons au XIVe siècle, pour assister au célèbre procès.

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Cette affaire a donné naissance à toute une légende, notamment à travers des tableaux. Ces derniers représentent Galilée en prison, tenant dans sa main droite un clou avec lequel il a apparemment tracé sur le mur le mouvement de la terre autour du soleil avec les mots, écrits en dessous :« E pur si muove », c’est-à-dire :
« Et pourtant, elle tourne. » Cette phrase aurait été marmonnée par le savant italien après avoir été forcé par l’Inquisition d’abjurer la théorie que la terre tourne autour du soleil. Cette phrase célèbre ne fut attribuée à son auteur qu’à partir du XVIIIe siècle, soit plus de cent ans après l’affaire. Elle est reconnue unanimement aujourd’hui comme une légende apocryphe, c’est-à-dire fictive.

Voilà pour la légende. Qu’en est-il de la réalité ?

 

Le débat entre héliocentrisme et géocentrisme

Quand éclate l’affaire Galilée au début du XVIIe siècle, les sciences sont en bonne intelligence avec l’Église catholique. Mais ce n’est pas le cas chez les protestants. Ainsi, vingt ans auparavant, l’Église adopte un nouveau calendrier dit grégorien, plus conforme aux données astronomiques ; suite à quoi il aurait été dit par Kepler, un astronome protestant de l’époque, que ses coreligionnaires préféraient être en désaccord avec le soleil plutôt que d’être d’accord avec le pape !

Le différend entre Galilée et l’Église est souvent ramené à l’opposition entre l’héliocentrisme, le fait que la terre tourne autour du soleil, et le géocentrisme, le fait que le soleil tourne autour de la terre. Si le géocentrisme a toujours été l’opinion dominante en Occident depuis l’Antiquité, l’héliocentrisme ne date pas de l’époque de Galilée.

Dès l’Antiquité, le grec Aristarque de Samos propose un modèle héliocentrique. Copernic, qui était prêtre catholique, reprend l’idée au XVIe siècle et propose un modèle héliocentrique plus abouti. Kepler améliore le modèle en introduisant, à la place d’orbites circulaires, les orbites elliptiques plus conformes à l’observation. Ces modèles ne posent pas de difficultés à l’Église quand les chercheurs ne font que proposer l’héliocentrisme comme hypothèse.

Pourquoi donc les rapports se sont-ils tendus quand Galilée adopte le système copernicien ? À la différence de Copernic et de Kepler, Galilée présente le modèle copernicien comme une certitude démontrée et non comme une simple hypothèse.

L’Église s’intéresse à ce débat entre héliocentrisme et géocentrisme en raison de son implication dans l’étude de la Sainte Écriture. En effet, certains passages bibliques parlent de la terre immobile. Si l’héliocentrisme était prouvé, il deviendrait nécessaire aux exégètes de revoir les passages concernant la terre immobile. Or il faudra attendre près de 100 ans pour avoir la preuve de l’héliocentrisme. L’astronome anglo-saxon James Bradley montrera en 1728 que le phénomène d’aberration de la lumière des étoiles ne peut s’expliquer que par le déplacement de la terre autour du soleil.

Au temps de Galilée, l’héliocentrisme a un certain nombre d’adeptes parmi les scientifiques. Mais d’autres savants penchaient pour le modèle proposé par Tycho Brahe. Cet astronome danois a effectué des observations nombreuses et précises pour l’époque. Ces observations ont permis à Kepler d’établir les lois astronomiques qui sont toujours enseignées en astronomie moderne. Le modèle de Tycho Brahe, appelé géo-héliocentrisme, se présentait comme un modèle à mi-chemin du géocentrisme et de l’héliocentrisme. Il stipulait que les planètes tournaient autour du soleil qui tournait lui-même autour de la terre immobile.

Ce modèle correspondait, de fait, à des observations précises de l'époque. Aussi, l’Église trouvait malvenue la démarche de Galilée de vouloir imposer sans démonstration suffisante une vision du monde qui remettait si radicalement en cause la vision de beaucoup de théologiens et d’exégètes.

 

Galilée et la Sainte Écriture

De plus, il semble que Galilée, d’après la lettre qu’il a écrite à Christine de Lorraine, ait voulu s’immiscer dans le problème d’exégèse et prouver notamment que le modèle géocentrique de Ptolémée était impossible à accorder avec certains passages de l’Écriture. Non seulement Galilée ne pouvait pas à l'époque avancer de preuves astronomiques du modèle de Copernic, mais il essaya de réfuter le système de Ptolémée comme contraire à l’Écriture Sainte.

L’Inquisition s’en mêla alors. En raison de l’expansion du protestantisme et de la multiplication de ses branches, l’Inquisition regardait de très près les nouvelles interprétations de la Bible. Des proches de Galilée lui ont déconseillé de poursuivre ses travaux en exégèse et plutôt encouragé à chercher les preuves astronomiques de l’héliocentrisme. L’Inquisition se résout à lui demander de ne plus soutenir la certitude scientifique du système copernicien, en absence de preuves. Il continua ses travaux en exégèse et avança en faveur de l’héliocentrisme des preuves insuffisantes et fausses en astronomie, comme l’origine des marées.

La condamnation de Galilée et ses conséquences

Devant le trouble que suscitèrent ses écrits dans le monde catholique et sa persistance à proclamer la certitude du système copernicien, Galilée fut condamné à signer un document de rétractation de l’héliocentrisme et à demeurer en résidence surveillée. Elle fut d’abord dans le palais des grands ducs de Toscane, puis dans sa propre villa, avec la possibilité de continuer ses recherches scientifiques. Il ne fut jamais torturé ni brûlé.

Après la preuve de l’héliocentrisme, apportée par James Bradley, le pape Benoît XIV donnera l’autorisation d’imprimer les œuvres de Galilée en 1741 et lèvera l’interdiction de publier les livres défendant l’héliocentrisme en 1757.

Si Galilée avait soutenu l’héliocentrisme à titre d’hypothèse et non de vérité, d’une part, et n’avait pas, d’autre part, cherché à réfuter le géocentrisme dans l’interprétation des Saintes Écritures, il n’y aurait pas eu d’affaire Galilée. L’Église, à travers l’Inquisition, s’est mêlée de cette controverse scientifique en raison de l’implication des différentes positions dans l’interprétation de la Sainte Écriture.

On doit cependant estimer que cette condamnation d’un système scientifique par l’Inquisition fut une lourde erreur. Par la suite, l’Église sera plus prudente dans ses jugements des théories scientifiques.

Devant les preuves avancées par les savants en faveur de l’héliocentrisme, l’Église alors révisé son jugement, à la fois sur Galilée et la position qu’il a défendue.

Il semble toutefois que l’affaire ait freiné le développement de la science moderne dans les pays latins par rapport aux pays anglo-saxons. En tout cas, la part des savants italiens et français diminue au profit des savants anglais et allemands, même si, au XVIIe siècle, il reste beaucoup de savants français. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les pays latins reviendront en force dans le domaine de la recherche scientifique.

Nous remercions la fraternité Saint-Vincent-Ferrier qui nous permettent de republier cet article à partir de leur vidéo !

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