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Pôle de recherche

Éthique biomédicale

Médecine et idéologie

Ce séminaire de recherche propose d’explorer et de décrire les mécanismes d’emprise de l’idéologie sur la médecine et plus généralement sur les sciences biologiques, et l’organisation de la santé publique.

Dans un monde travaillé de toute part par les idéologies conceptualisant l’humain et organisant les sociétés selon des utopies totalitaires, la médecine, surtout depuis deux siècles, est à la fois un miroir de ces façonnages et une médiation agissante sur le corps humain et sur les sociétés.

Parce que la médecine sous-tend elle-même une anthropologie et une organisation sociale à visée de santé, parce qu’elle est rendue puissante entant que connaissance et que technique, parce qu’elle n’est accessible, en tant que connaissance et que technique, que par un petit nombre d’individus dépositaires, elle est un outil particulièrement performatif pour incarner les idéologies. Promettant le soin à l’individu, la guérison, peut-être l’immortalité, mais aussi la survie sélective, la beauté, la force, l’augmentation de performances (grâce à la connaissance et à la technique toujours en marche, toujours croissantes), elle est pour le pouvoir un domaine à capter et pour les gouvernés un objet de mystère, d’émerveillement et d’espoir. Elle est donc aussi un opium, désormais bien plus efficace et accessible que la religion. Elle jouit de la merveilleuse dualité d’être à la fois biologique, donc humaine, et technique, donc sans limites. À cet égard, il est intéressant de se rappeler que lors de la pandémie de Covid, les médecins étaient convoqués en tant que savants, ce qu’ils ne sont certes pas, étant d’abord des praticiens, de plus en grande partie des empiriques.

Le projet de ce séminaire est d’analyser la façon dont la structure et le fonctionnement de l’immémorial projet médical de soigner (bien avant de guérir) son frère humain peut se transformer en mécanismes d’emprise individuelle et collective. 

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Département
Éthique biomédicale
Période
2024-2026
statut
2024-2026
EN COURS
terminé

sous la direction de

Les objectifs du séminaire 

-       Repérer et travailler avec des chercheurs philosophes, médecins, juristes psychanalystes, théologiens, les tensions éthiques apparaissant dans l’exercice de la médecine confrontées à des problématiques sociétales, utilitaristes, managériales, humanitaires.

-       Faire intervenir des experts sur les idéologies totalitaires, nazies, russes ou chinoises en matière de médecine, mais aussi sur la médecine humanitaire et le droit d’ingérence, la psychiatrie et l’enfermement, la médecine carcérale, autant de thématiques nécessitant que l’on les mette en perspectives à l’aune de l’éthique médicale.

-       Passer de la critique à la pratique avec des questionnements éthiques et des propositions visant à améliorer l’exercice de notre médecine actuelle au prisme de l’autonomie, de la bienveillance, de la non malfaisance et de la justice et de l’équité.

Des penseurs ainsi que des praticiens seront questionnés : des philosophes avec Canguilhem (idéologie et rationalité- 1977), Foucault(invention de la clinique), Illich (Némésis médicale -1974), Ricœur (Idéologie et utopie- 1986), Hans Jonas et leurs héritiers et bien sûr Platon, des historiens des phénomènes totalitaires et des analystes contemporains des utilisations de la médecine et des biotechnologies conduisant à une modification anthropologique de l’humanité et à son asservissement aux idéologies contemporaines.

La mutation anthropologique recherchée par les théories contemporaines du genre et la technicisation du début et de la fin de vie sera particulièrement scrutée en tant que forte expression idéologique.

Le conseil scientifique

Anne-Laure BOCH, neurochirurgien et docteur en philosophie

Cyril GOULENOK, réanimateur et doctorant en philosophie

Éric FIAT, professeur de philosophie et d’éthique médicale, Université Gustave Eiffel

Dominique FOLSCHEID, professeur de philosophie émérite, Université Gustave Eiffel

Véronique LEFEBVRE des NOËTTES, psychiatre, docteur en philosophie et co-directeur du département de recherche Éthique biomédicale du Collège des Bernardins

Jean LACAU ST-GUILY, professeur émérite d’ORL et co-directeur du département de recherche Éthique biomédicale du Collège des Bernardins

Didier TRUCHET, professeur émérite de droit

Monette VACQUIN, psychanalyste, essayiste

Le programme – 2024

Mercredi 17 janvier

Soigner le corps du "peuple". L'éthique médicale nazie

Johann Chapoutot, professeur d'histoire contemporaine, spécialiste de l'histoire de l'Allemagne et du nazisme, Sorbonne Université

 Compte-rendu

Mercredi 7 février

Qu’est-ce que l’idéologie ?

Chantal Delsol, philosophe, Institut de France

Compte-rendu

Mercredi 13 mars

La notion de la vérité dans les sciences biomédicales : pourquoi elle est importante et pourquoi il faut la défendre

Andreas Bikfalvi, professeur de Biologie cellulaire et moléculaire, Laboratoire de Biologie Tumorale et Vasculaire, Bordeaux Institute of Oncology, INSERM U1312, Université de Bordeaux

Compte-rendu

Mercredi 3 avril

De Lyssenko aux Woke. La science à l'épreuve des idéologies

Marcel Kuntz, directeur de recherche au CNRS; enseignant, Université Grenoble-Alpes

Mercredi 15 mai

La médecine n'a plus d'extérieur (M. Foucault)

Laurent Vercoustre, ancien gynécologue-obstétricien, Groupe hospitalier du Havre

Compte-rendu

Mercredi 16 octobre

La médecine humanitaire au risque de l’idéologie ? Devoir d’ingérence

Docteur Raphaël Pitti, médecin Humanitaire, anesthésiste-réanimateur, professeur de Médecine d’urgence et de catastrophe

 

Mercredi 13 novembre

Les utopies biomédicales d'Auguste Comte. Vers le transhumanisme ?

Jean-François Braunstein, professeur de philosophie et d’histoire des sciences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

Mercredi 11 décembre

La médecine peut-elle se passer d'idéologie ? de Cabanis à  Illich

Jean-Philippe Pierron, professeur à la faculté de philosophie, Université de Dijon

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