Péguy, entre foi et raison

Publié le
9/8/24
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« Nous savons que la raison n’épuise pas la vie, et même le meilleur de la vie » : c'est par cette phrase de Charles Péguy que s'ouvre cet échange entre le philosophe Camille Riquier, spécialiste de Descartes, de Bergson et de Péguy et professeur de philosophie à l'Institut Catholique de Paris, le philosophe et académicien Alain Finkielkraut et Claire Daudin, présidente de l'Amitié Charles Péguy et professeure de lettres modernes à l'Institut Albert le Grand à Angers. Ils y discutent du rôle que Péguy assigne à la raison, par rapport à sa foi chrétienne et à sa quête de justice.

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Péguy, socialisme et christianisme

Tout le parcours intellectuel de Charles Péguy a été animé par la question du dialogue entre foi et raison. On pourrait rajouter un troisième terme : celui de justice. Homme de l’esprit, il fut un des rares penseurs modernes à accueillir profondément dans sa pensée à la fois le socialisme et le christianisme et à vivre cette synthèse. Refusant tout fétichisme de la raison, il s'éloigna du christianisme dans sa jeunesse pour se "convertir" au socialisme, avant de revenir plus tard à une foi qu'il avait le sentiment de n'avoir jamais réellement quitté.

Tout le parcours intellectuel de Charles Péguy a été animé par la question du dialogue entre foi et raison. On pourrait rajouter un troisième terme à cette dialectique : celui de justice.

La justice comme revendication

Tout en parvenant à faire vivre dans sa pensée la foi en Dieu et une exigence de rigueur intellectuelle, il fut le critique vigoureux d’une certaine conception de la raison propre à la société dans laquelle il vivait. Critique de la raison moderne, il lui reprocha le primat de la théorie sur le comportement moral. Son exigence de justice le conduisit à concevoir une pensée de l’engagement avant l’heure.

Son exigence de justice le conduisit au contraire à concevoir une pensée de l’engagement avant l’heure.

Sa prise de position en faveur du capitaine Dreyfus, qu'il relatera dans Notre jeunesse (1910), témoigne de ce souci passionné du bien et de sa conception du rôle de la pensée comme intimement liée à l'action dans la Cité. Cette place fondamentale de l'éthique, qu'il articule de façon très originale avec la foi et la raison, montre que Péguy est plus actuel que jamais et qu'il a tout à nous dire.

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