Sortir de la guerre

Publié le
14/9/23

Penser la guerre, et plus spécifiquement le conflit russo-ukrainien, au-delà du terrain militaire en intégrant la dimension métaphysique, c’est ce que fait Antoine Arjakovsky, historien et chercheur au Collège des Bernardins. L’occasion de réfléchir aux fondements de l’Etat de droit démocratique.

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Antoine Arjakovsky, historien, codirecteur du département de recherche « Politique et Religions » et fondateur de l'Institut d'études œcuméniques de Lviv (Ukraine), publie un nouvel essai Pour sortir de la guerre. Vaincre l’agression russe contre l’Ukraine et la démocratie, aux éditions Desclée de Brouwer, le 11 octobre 2023.

Partant de la nature métaphysique de la guerre russo-ukrainienne, le chercheur donne des clés pour comprendre les racines du conflit et  mieux penser l’élaboration d’un plan de paix. Ses propositions s’inspirent tant de ses recherches personnelles et collectives que des propositions du gouvernement ukrainien en faveur d’une paix juste soumises lors du G20.

Réconcilier Ethique et Politique

Héritier du machiavélisme, l’art de gouverner du XXIème siècle a mis de côté l’éthique, pourtant inséparable de la politique. C’est ce binôme indispensable qu’il nous faut retrouver pour sortir de la pensée post-moderne qui ne croit plus en la vérité et en la justice et qui dépouille dès lors l’Etat de droit de sa substance démocratique.

En occultant la dimension métaphysique et spirituelle de la vie politique, les gouvernements occidentaux tombent dans l’impasse d’un « réalisme à courte-vue », incapable de décrypter la terminologie violente et radicale d’un conflit qui remet en cause la démocratie. Une seule voie pour Antoine Arjakovsky : faire preuve d’audace, en quittant une diplomatie d’influence centrée sur l’intérêt national vers une politique qui ne craint pas de placer les principes constitutifs de la nation (liberté, fraternité, solidarité, justice…) au cœur de son action.

La lutte, loin de se limiter au terrain militaire, se joue donc également sur les terrains spirituels et intellectuels.

Ce 24 février 2022, la Russie n’attaqua pas seulement la souveraineté ukrainienne mais l’Etat de droit démocratique, nouant un conflit civilisationnel dans lequel deux visions du monde s’affrontent : la théologie politique impérialiste de la Russie et le désir ukrainien d’un Etat-nation démocratique. Le conflit ukrainien dépasse les contingences historiques pour révéler une véritable crise existentielle qui interroge l’ensemble des démocraties occidentales et appelle à une réflexion de fond sur leur avenir.

Le dialogue œcuménique au cœur

d’une paix juste

Réfléchir sur la nature métaphysique de la guerre permet à Antoine Arjakovsky de proposer une analyse originale des ressorts de l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, et ainsi de souffler des propositions concrètes pour reconstruire ensemble la paix en Europe. Appelant à une diplomatie néo-réaliste, l’historien propose des pistes de mise en œuvre d’un processus de paix juste et durable.

Le dialogue œcuménique est par exemple primordial pour effectuer un travail de fond enraciné dans la métaphysique du conflit et repenser nos démocraties en réarrimant leurs principes à des fondements spirituels.

Le dialogue œcuménique est primordial pour effectuer un travail de fond enraciné dans la métaphysique du conflit  

Le Collège des Bernardins qui a à cœur de favoriser ce dialogue organise avec l’Institut chrétiens d’Orient un séminaire de recherche de janvier à juin 2024 : avec comme objectif de réfléchir collectivement à la manière de soutenir les Eglises en Ukraine et d’apporter une expertise nouvelle aux Eglises chrétiennes à un niveau universel.

Repenser l’Etat de droit

La mise en œuvre d’une diplomatie néo-réaliste et d’une conception méta-moderne de la vie politique tournée vers le bien commun ; le dialogue œcuménique ; l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN : voici quelques-unes des pistes qui seront évoquées au Collège des Bernardins le samedi 7 octobre 2023, lors d’une journée d’études avec Antoine Arjakovsky, l’association des philosophes chrétiens, l’Institut indépendant de philosophie et le club démocratique russe.

Pour repenser les fondements philosophiques et théologiques de l’Etat de droit à l’aune du conflit russo-ukrainien, seront présents des philosophes comme Thérèse Du Sartel, co-fondatrice du Dorothy, l’académicien Rémi Brague, Emmanuel Tourpe… ainsi que des philosophes russes tels que Alexey Zhavoronkov, des écrivains comme Iegor Gran, l’auteur de « Z comme zombie » et Guennadi Goudkov, homme politique et fondateur du Club démocratique russe.

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