Saint Charbel Makhlouf, l'ermite du Liban et miracles

Publié le
24/7/23
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Saint Charbel Makhlouf, moine-ermite et saint patron du Liban, est reconnu pour une vie de dévotion hors-norme et les nombreux prodiges qui marquent son existence. Un saint fascinant dont l'héritage spirituel continue de toucher des âmes à travers le monde.

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Qu’est-ce que le réel? demandait le Pape Benoît XVI, le 13 mai 2007. La «réalité» n’est-elle constituée que des biens matériels, des pro- blèmes sociaux, économiques et politiques ? C’est là précisément la grande erreur des tendances dominantes du siècle dernier, une erreur destructive, comme le démontrent les résultats des systèmes marxistes aussi bien que capitalistes. Ils falsifient le concept de réalité en l’amputant de la réalité fondamentale, et donc décisive, qu’est Dieu. Qui exclut Dieu de son horizon falsifie le concept de «réalité» et, par conséquent, ne peut qu’aboutir à des chemins erronés et des recettes destructives. La première affirmation fondamentale est donc la suivante: seul celui qui reconnaît Dieu connaît la réalité et peut y répondre de manière adéquate et réellement humaine.»

La vie consacrée témoigne de l’importance de Dieu. La vie en solitude des ermites, notamment, est « une invitation pour leurs semblables et pour la communauté ecclésiale elle-même à ne jamais perdre de vue la vocation suprême, qui est de demeurer toujours avec le Seigneur » (Jean-Paul II, Exhortation Vita consecrata, 25 mars 1996, n. 7). Pour illustrer cette vérité, l’Église nous propose l’exemple de saint Charbel Maklouf.

Naissance de Saint Charbel

À 140 kilomètres au nord de Beyrouth, se trouve Biqa-Kafra, le plus haut village du Liban, à 1600 mètres d’altitude. En face, on admire les fameux «Cèdres de Dieu». Les habitants de ces lieux, au caractère turbulent, sont bons, hospitaliers et laborieux. Comme tous les Maronites (membres de l’Église catholique orientale fondée par saint Maron, IVe-Ve siècles), ils sont fiers de leur foi et pratiquent la religion sans respect humain. Très dévots à la Vierge Marie, ils récitent volontiers le Rosaire**. C’est dans ce village que naît, le 8 mai 1828, le cinquième enfant d’Antoine Maklouf et de Brigitta Choudiac.** Huit jours après la naissance, il reçoit au saint Baptême le nom de Youssef (Joseph). Animée d’une piété quasi monacale, Brigitta Maklouf est intransigeante sur la prière en famille. L’assistance fervente à la Messe ainsi que la récitation quotidienne du chapelet constituent l’essentiel de sa dévotion. Deux de ses frères sont moines dans l’Ordre maronite libanais et vivent dans un ermitage à cinq kilomètres de Biqa-Kafra.

Mort du père de Saint Charbel et enfance

Un soir, une escouade de soldats vient réquisitionner Antoine Maklouf pour transporter du matériel de l’armée; impossible de refuser. Sa mission accomplie, il tombe gravement malade et meurt. Ce n’est qu’après des mois d’inconsolable attente que Brigitta comprend qu’elle est veuve. Deux ans plus tard, en octobre 1833, craignant de ne pouvoir subvenir aux besoins des siens, elle se remarie avec un homme très pieux du village. Peu après, celui-ci, avec l’accord de Brigitta et conformément à la discipline particulière des Églises orientales, est ordonné prêtre. Youssef lui sert la Messe et l’assiste dans toutes les cérémonies; à la sortie de l’église, l’enfant se rend à l’école où il apprend à lire, à écrire et à prier en syriaque. Il s’initie également aux travaux champêtres et mène paître sa vache et ses brebis au flanc des collines. La beauté de la nature l’émerveille et tout lui parle de Dieu: les arbres, les fleurs, les oiseaux, les sources…

Youssef va vers ses quatorze ans et ses camarades le taquinent sur sa piété en l’appelant «le saint». Il a pris l’habitude de se retirer dans une grotte pour s’y recueillir et prier.

“Il lui arrive de dérober un peu d’encens à la sacristie et de le faire brûler devant une petite image de la Très Sainte Vierge qu’il a placée dans sa grotte.”

Souvent, Youssef se rend chez ses oncles ermites pour prier et s’entretenir avec eux. Il traverse la Quadicha, la Vallée Sainte, où de nombreux ermites ont vécu, depuis le IVe siècle.

“Un jour qu’il cherche sa chèvre égarée, Youssef pénètre dans une petite forêt de cèdres et s’arrête pour prier devant un oratoire creusé dans un arbre. Soudain, il perçoit une voix pressante qui lui dit: «Quitte tout, viens! Suis-moi!»”

Sans emballement, mais avec résolution, il décide d’embrasser la vie religieuse. Un matin de 1851, il s’éloigne discrètement de la maison familiale. Craignant son oncle et tuteur, Tanios, qui ne veut pas entendre parler de vie monastique, et qui compte sur le travail de son neveu, il n’a prévenu personne de son départ. Son affection pour sa mère et les siens est profonde, mais il préfère partir secrètement, sans effusions. Il se rend au monastère Notre-Dame de Mayfouq, l’un des plus beaux de l’Ordre maronite libanais, où il est reçu comme postulant. L’étape du postulat ne dure que quelques jours et bientôt, Youssef revêt l’habit de novice; il choisit le nom de Charbel, illustré en 107 par un martyr de l’Église d’Antioche.

Etudes et début de Sacerdoce de Saint Charbel

Cependant, à Biqa-Kafra on cherche Youssef partout. Enfin, un oncle ermite révèle qu’il est parti au couvent. Tanios s’indigne et accourt au monastère avec quelques membres de la famille, dont Brigitta.

“L’entrevue avec le jeune moine, en présence du Père supérieur, est houleuse; Tanios et Brigitta font valoir de nombreuses raisons pour s’opposer à son départ, mais frère Charbel, tout en exprimant sa peine d’avoir fait souffrir les siens par sa fuite, demeure ferme dans son dessein, assuré que le Seigneur l’appelle à ce genre de vie.”

Dominant alors sa douleur maternelle, Brigitta prend les mains de son fils dans les siennes et lui dit: «Si tu ne devais pas être un bon religieux, je te dirais: «Reviens à la maison!» Mais je sais maintenant que le Seigneur te veut à son service! Et dans ma douleur d’être séparée de toi, je Lui dis de te bénir et de faire de toi un saint.»

Frère Charbel passe une première année de noviciat au monastère Notre-Dame de Mayfouq. Ses journées sont remplies par toutes sortes d’activités spirituelles et manuelles: chant de l’Office sept fois par jour, fabrication du pain, blanchissage, tissage, cordonnerie, menuiserie, etc. Il lui faut surtout apprendre toute la liturgie chorale des moines, car il ne connaît que les cérémonies de la Messe de son village. Silencieux et opiniâtre, comme les habitants de ses montagnes, il s’applique à tout dans l’obéissance. Un an après, le novice est orienté sur le monastère Saint-Maron d’Annaya. C’est un couvent beaucoup plus isolé que le précédent. Les bâtiments, en pierres mal taillées, offrent l’aspect d’une forteresse. Aux alentours, on peut voir quelques rares maisons de fermiers, des cabanes, des rochers abrupts, de vieux chênes, des vignes et des mûriers. La deuxième année de noviciat se passe dans ce cadre austère. En 1853, Frère Charbel est admis à prononcer ses voeux de pauvreté, chasteté et obéissance, et à recevoir l’habit de moine profès; il a vingt-cinq ans.

Quelques jours plus tard, le Père supérieur dit au frère Charbel: «Votre noviciat étant terminé, le Révérendissime Père Général juge bon que vous vous consacriez aux études en vue du sacerdoce. Demain matin, vous partirez pour le monastère de Saint-Cyprien de Kfifan.» Dans ce monastère se trouve le scolasticat, exclusivement réservé à la formation des membres de l’Ordre. Le jeune moine s’y adonne avec ardeur à l’étude de la théologie dogmatique et morale, des écrits des Pères de l’Église, des conférences des anciens moines et des Pères du désert.

“Ses maîtres, convaincus que tout savoir est un don de l’Esprit-Saint et que vivre selon l’Esprit du Christ, c’est posséder la Sagesse éternelle, demandent à leurs étudiants davantage de vie spirituelle que de science.”

L’école de Kfifan est dirigée par un moine qui possède une connaissance remarquable des langues sémitiques et peut ainsi faire apprécier à ses élèves les richesses contenues dans les écrits des Pères de l’Église orientale, notamment ceux de saint Éphrem; ce chantre de la Vierge Marie et docteur de l’Église, est cher aux maronites qui lui doivent la plus grande partie de leurs textes liturgiques.

“Durant ses six ans d’études, le frère Charbel acquiert un profond amour des Saintes Écritures.”

Il a sous les yeux l’exemple du Père Hardini, le «saint de Kfifan», dont la spiritualité se résume dans un amour ardent pour Jésus au Très Saint Sacrement et dans une filiale dévotion à la Vierge Marie honorée dans le mystère de son Immaculée Conception. Le 14 décembre 1858, le frère Charbel assiste au trépas de ce moine vénéré dont il retient une parole célèbre: «Le sage est celui qui sauve son âme!»

Frère Charbel confie à son maître combien il est honoré de pouvoir accéder au sacerdoce. « Être prêtre, lui répond celui-ci, c’est être un autre Christ. Pour le devenir, il n’y a qu’un chemin: celui du Calvaire! Engagez-vous-y sans défaillance.» Le 23 juillet 1859, le frère reçoit l’ordination sacerdotale. Il regagne ensuite le monastère Saint-Maron d’Annaya. Là, une surprise l’attend: tous les habitants de son village sont venus, en compagnie de sa vieille maman qui n’a pu assister à son ordination sacerdotale. Le jeune prêtre les bénit; mais il refuse de revenir au village pour y célébrer une Messe.

Témoin d’une présence

Plus que jamais, le but unique de sa vie consiste à chercher Dieu et à s’unir à Lui en vivant conformément à la Règle. «Le moine ne s’évade du monde que pour vivre en présence de Dieu, lui a-t-on appris, et comme la vie de Dieu, son essence, est amour, le moine doit par sa vie, par sa totale fidélité à la Règle, être témoin de cette présence de Dieu dans le monde.» Cette fidélité se concrétise par l’observance des voeux. L’obéissance du Père Charbel est celle d’un petit enfant envers ses parents. Il considère en ses supérieurs la personne du Christ et accomplit leurs ordres avec joie et abandon; mais il obéit également à ses frères et à toute personne à qui il peut rendre le bien de l’obéissance.

“Sa pratique de la pauvreté est totale, tant dans ses vêtements que dans sa nourriture et sa cellule. Jamais il n’accepte le moindre argent. Il s’applique avec vigilance à garder le voeu de chasteté et à veiller sur ses sens, ce qui ne se fait pas sans combats.”

Le Catéchisme de l’Église Catholique rappelle que «la maîtrise de soi est une oeuvre de longue haleine. Jamais on ne la considérera comme acquise une fois pour toutes. Elle suppose un effort repris à tous les âges de la vie» (CEC, 2342). Le combat pour la pureté nécessite, outre la pureté d’intention et la pureté du regard, le recours à la prière. Saint Augustin, s’adressant à Dieu, écrivait: «Je croyais que la continence relevait de mes propres forces… forces que je ne me connaissais pas. Et j’étais assez sot pour ne pas savoir que personne ne peut être continent, si Tu ne le lui donnes. Et certes, Tu l’aurais donné, si de mon gémissement intérieur, j’avais frappé à Tes oreilles et si d’une foi solide, j’avais jeté en Toi mon souci» (Confessions; cf. CEC 2520).

“La chasteté du Père Charbel est la source d’une attitude pleine de charité et de respect envers les autres. Il sait prendre en bonne part les plaisanteries que certains se permettent sur lui et, à l’occasion, rendre taquinerie pour taquinerie.”

La prière du Père Charbel devient continuelle. Il passe une grande partie de la nuit en oraison. Il célèbre la Messe avec beaucoup d’attention, implorant la miséricorde divine pour les hommes. La tradition et la Règle de l’Ordre maronite libanais réservent une place d’honneur au culte de la Très Sainte Vierge Marie. Celle-ci est Reine, Patronne et Protectrice du peuple maronite, qui n’a pas hésité à appeler Marie «Cèdre du Liban» dans ses Litanies. Le Père Charbel se plaît à réciter chaque jour le Rosaire.

«Meilleur que votre si bonne maman»

Les moines maronites, bien que résidant habituellement dans le cloître, exercent un apostolat dans les paroisses des villages avoisinants. Le Père Charbel ne manque pas d’apporter son concours à cette mission. Un de ses confrères écrit de lui: «Le Père Charbel procurait la joie à ceux qui se confessaient à lui. Moi-même, je recourais souvent et volontiers à lui.» Un jour, une femme âgée vient chercher en hâte le Père Charbel: «Père, mon fils se meurt…» Le moine entre chez elle et s’approche du moribond qui ne veut pas le recevoir. Mais le Père est déjà à son chevet: «Où souffrez-vous? Si je puis vous soulager, je le ferai bien volontiers. – J’ai du feu dans la poitrine! Je meurs de soif! – Courage, mon enfant, vos souffrances vous purifient. Si Dieu veut vous rappeler à Lui, pourquoi en avoir peur? Le Bon Dieu est infiniment bon, meilleur encore que votre si bonne maman que vous avez pourtant bien fait souffrir!… Croyez-vous que si votre maman était Dieu et qu’elle vous juge, vous seriez beaucoup en peine? N’êtes-vous pas le fils bien-aimé de la Mère Immaculée?» Le Père donne alors à boire au malade une eau qu’il a bénie; aussitôt après, celui-ci se confesse et reçoit l’absolution dans les meilleurs sentiments.

“Dès sa fondation par saint Maron, l’Ordre maronite libanais s’est attelé à une oeuvre civilisatrice immense dans les domaines spirituel, social et culturel.”

Les moines apprirent les arts et les métiers dont ils se faisaient ensuite les promoteurs. On rencontrait parmi eux des imprimeurs, des peintres, des maçons, des forgerons, des menuisiers, des tisserands, des tailleurs, des cordonniers, des vignerons, etc.

“Le Père Charbel réserve, à côté de ses activités missionnaires et contemplatives, une place importante au travail manuel. En toute saison, il se livre aux travaux domestiques et champêtres.”

Au fil des ans, le Père Charbel se sent appelé à la vie érémitique. Chaque monastère du Liban possède alors des ermitages et des ermites. Durant six ans, le Père se met à l’école d’un ermite octogénaire qui vit à l’ermitage d’Annaya. L’homme peut, effectivement, vivre en solitaire pour se donner exclusivement aux réalités divines, mais, selon la remarque de saint Thomas d’Aquin, cela est surhumain (Somme Théologique, II, 188, a. 8, ad 5m). Aussi l’Église est-elle très prudente pour autoriser quelqu’un à embrasser la vie érémitique. Celle-ci ne peut être pratiquée que par des hommes déjà éprouvés dans la vertu et dont on prévoit prudemment la persévérance.

Le miracle de l’eau qui brûle

Le 13 février 1875, l’ermite auprès duquel le Père Charbel se formait à la vie solitaire décède. L’ermitage étant vacant, le Père demande à s’y retirer, mais son Supérieur hésite. Il prend sur son bureau un dossier important qu’il remet au Père Charbel en disant: «Voudriez-vous me faire un rapport sur ce travail? C’est assez urgent. Je vous autorise à veiller, si cela est nécessaire.» Le Père se retire avec le dossier et passe à la cuisine pour faire remplir d’huile sa lampe qui est vide. Pour lui faire une farce, l’un des domestiques remplit la lampe avec de l’eau et la lui rapporte. Le Père allume tranquillement sa lampe et se met au travail. Le domestique est surpris du résultat: la lampe brûle comme si elle était remplie d’huile! Il court chez le Père supérieur, lui avoue sa farce et en décrit le résultat inattendu. Le Supérieur se rend chez le Père Charbel et lui reproche, malgré l’autorisation donnée, de veiller si tard; puis il lui prend sa lampe. Sans se justifier, le Père Charbel demande pardon pour l’amour du Christ. Le Supérieur rentre dans sa cellule et constate que la lampe ne contient effectivement que de l’eau. Ce fait miraculeux lui sert de signe quant à l’authenticité de la vie spirituelle du Père Charbel, qu’il autorise à se retirer dans l’ermitage. Il y vivra vingt-trois ans, ne sortant que pour quelques missions ponctuelles qui lui seront confiées pour le bien des âmes, dans la région.

La vie en ermitage de Saint Charbel

L’ermite est un témoin de la primauté absolue de Dieu. À un monde égaré par les idoles, le plaisir, l’argent, la concupiscence, il montre que Dieu est l’unique fin de l’homme, Celui qui seul suffit. L’ermite n’est pas abandonné à sa propre initiative: il suit une Règle très précise, une discipline minutieuse, et reste sous le contrôle perpétuel et attentif d’un supérieur.

“L’ascèse que pratique le Père Charbel est discrète, sans rien de théâtral ni de spectaculaire: nulle raideur dans l’âme du Père, mais une écoute du Saint-Esprit, une adoration profonde et une étonnante simplicité de coeur dans un abandon filial au Christ.”

«Qui connaît Dieu? demande le Pape Benoît XVI. Comment pouvons-nous le connaître?… Pour le Chrétien, le coeur de la réponse est simple: seul Dieu connaît Dieu, seul son Fils qui est Dieu né de Dieu, vrai Dieu, le connaît. Et lui, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé (Jn 1, 18). D’où l’importance unique et irremplaçable du Christ pour nous, pour l’humanité. Si nous ne connaissons pas Dieu dans et par le Christ, toute la réalité se transforme en énigme indéchiffrable; il n’y a pas de chemin, et, s’il n’y a pas de chemin, il n’y a ni vie ni vérité. Dieu est la réalité fondamentale, il n’est pas un Dieu seulement pensé ou hypothétique, mais le Dieu à visage humain; il est le Dieu-avec-nous, le Dieu de l’amour jusqu’à la croix. Lorsque le disciple parvient à la compréhension de cet amour du Christ «jusqu’à l’extrême», il ne peut que répondre à cet amour par un amour semblable: Je te suivrai partout où tu iras (Lc 9,57)» (13 mai 2007).

“Le Père Charbel intercède pour tous ceux qu’on lui recommande ou qu’on lui amène. Un homme avait perdu la tête et était devenu dangereux pour lui-même et pour les autres. On le conduit à l’ermitage. Le Père Charbel lui ordonne de le suivre à la chapelle, puis lit l’Évangile au-dessus de sa tête. Aussitôt, l’homme est guéri!”

Miracle de la protection par aspersion

Dans le Proche-Orient, les sauterelles constituent pour les récoltes un véritable fléau. Elles viennent du sud et dévorent l’herbe, les feuilles et même l’écorce des arbres. «En 1885, relate un Père, une nuée de sauterelles, voilant littéralement le soleil, s’abattit sur Annaya et les villages voisins. Voyant le terrible danger, le Supérieur ordonna à l’ermite Charbel de bénir de l’eau et d’aller en asperger les champs. Tous les champs qu’il put atteindre furent protégés. Les habitants du voisinage aspergèrent les cultures avec de l’eau bénie par lui. Elles furent aussi préservées. En reconnaissance, une centaine de personnes se rendront au monastère au moment des récoltes, et moissonneront gratuitement les champs des religieux.»

Fin de vie, mort et postérité de Saint Charbel

Vivant de Dieu et pour Dieu, le Père Charbel devient un trait d’union entre le ciel et la terre. Prêtre tiré du milieu des hommes, il ne reste jamais indifférent à leurs afflictions. Il veut être pour tous une protection spirituelle; il porte sans cesse le monde à Dieu par ses sacrifices de réparation et d’intercession et surtout par ses Messes. Il célèbre la Messe selon la liturgie maronite, dont la langue sacrée est le syriaque. Le 16 décembre 1898 à onze heures, revêtu de la chasuble, mais tout engourdi par le froid, il monte à l’autel comme le Christ au Calvaire. À la consécration, il prend péniblement l’hostie dans ses mains couvertes d’engelures, lorsqu’un malaise le saisit. Son confrère, le Père Makarios, s’apercevant qu’il ne peut continuer le Saint-Sacrifice, l’aide à se reposer un peu. Peu après, l’ermite remonte à l’autel et consacre les Saintes Espèces, mais le mal le reprend et il ne peut poursuivre. Il faut alors le ramener dans sa cellule. Durant huit jours, le Père reste dans une agonie paisible malgré les souffrances. Il répète les paroles de la Messe qu’il a dû interrompre: « Ô Père de vérité, voici votre Fils… Il a subi la mort pour me justifier. Voici l’offrande, recevez-la de mes mains avec complaisance et oubliez les fautes que j’ai commises devant votre Majesté…» C’est sur ces mots, unis aux noms bénis de Jésus, de Marie et de Joseph, de Pierre et de Paul, les patrons de son ermitage, que le serviteur de Dieu quitte cette terre pour la patrie céleste, en la nuit bienheureuse du 24 décembre 1898.

Bientôt de nombreux prodiges se réalisent grâce à l’intercession du Père Charbel. Parmi les centaines de faits extraordinaires attribués à son intercession, deux ont été officiellement retenus comme miraculeux et ont servi pour sa béatification qui a eu lieu le 5 décembre 1965. Il a été canonisé le 9 octobre 1977.

Le style de vie des ermites «n’est pas proposé à tous comme un charisme imitable», rappelait le Pape Paul VI, lors de la canonisation de saint Charbel. Mais ceux-ci témoignent par leur recherche passionnée de l’absolu, que Dieu vaut la peine d’être adoré et aimé pour Lui-même; ils rappellent à tous la primauté de Dieu qui destine chaque homme à la participation de sa Béatitude.

Nous remercions l’Abbaye Saint Joseph de Clairval qui nous a donné la permission de publier leurs lettres spirituelles. Découvrez-les !

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